Lancement du réseau H2
14.11.2023
Le réseau romand des acteurs de l’hydrogène « Réseau H2 » a été inauguré le 14 novembre afin de capitaliser sur les quelques initiatives de la région lémanique autour de ce vecteur énergétique pour passer à la vitesse supérieure.
«Le Réseau H2 doit permettre de mieux collaborer, de créer des synergies, de catalyser des projets. L’objectif, c’est de passer à l’action.»
L’ADER, présente lors de cette inauguration, s’associe à cet objectif et a initié des rencontres et renforcé des liens afin de collaborer sur des projets novateurs. A suivre…
Un réseau autour de l’hydrogène voit le jour sur l’Arc lémanique
Les cantons de Vaud et de Genève, des hautes écoles, des entreprises et des philanthropes ont été réunis par la fondation Nomads pour stimuler l’essor de ce vecteur énergétique. Il est appelé à jouer un rôle clé dans la transition écologique
Groupe E a inauguré en octobre un site de production d’hydrogène au pied du barrage de Schiffenen, dans le canton de Fribourg. — © KEYSTONE/Laurent Merlet
Un réseau romand des acteurs de l’hydrogène a été inauguré mardi à l’EPFL. Baptisé «Réseau H2», il doit permettre de capitaliser sur les quelques initiatives de la région autour de ce vecteur énergétique pour passer à la vitesse supérieure. L’initiative émane surtout de la fondation Nomads, une organisation genevoise à but non lucratif dédiée au virage énergétique.
Pour promouvoir l’hydrogène, elle a mis dans la boucle les cantons de Genève et Vaud, mais aussi un bon nombre d’acteurs privés, des SIG à Romande Energie en passant par des start-up, et philanthropiques. D’autres entités et cantons sont appelés à les rejoindre.
«Tout le monde reconnaît que l’hydrogène va jouer un rôle dans la transition énergétique mais il faut le clarifier», a affirmé Jean-Luc Favre, président de la fondation Nomads et ancien directeur d’ABB Sécheron à Genève, durant une cérémonie de lancement à l’EPFL. «Le Réseau H2 doit permettre de mieux collaborer, de créer des synergies, de catalyser des projets. L’objectif, c’est de passer à l’action.»
Un savoir-faire existe, en termes de production, de transport, de stockage et d’utilisation de ce vecteur énergétique. Il faut maintenant le déployer pour engendrer des économies d’échelle et le rendre plus intéressant financièrement.
Les promesses de l’hydrogène
L’hydrogène est appelé à jouer un grand rôle dans la mobilité, l’industrie ou le stockage d’énergie, à condition qu’il soit fabriqué à partir d’énergies renouvelables. Mais on en est encore aux balbutiements. En Suisse, des véhicules à pile à combustible (équipés d’un moteur électrique carburant à l’hydrogène) apparaissent. Migros et Coop disposent de quelques camions, des groupes logistiques aussi, comme Galliker. Seize stations-services ravitaillent en hydrogène dans le pays, dont deux sur sol romand (Crissier et Lausanne), selon l’association H2 Mobilité Suisse.
L’hydrogène doit contribuer à résoudre la question du stockage de l’électricité en Suisse. L’été, le pays en produit trop avec l’hydraulique et la fonte des glaciers. L’installation croissante de panneaux photovoltaïques accentue les surplus. L’hiver, quand les journées sont plus courtes et les barrages moins remplis, c’est l’inverse et le pays dépend d’importations électriques qui ne sont pas toujours garanties. En stockant les surplus de l’été en vue d’une utilisation l’hiver, l’hydrogène peut contribuer à résoudre ce décalage, a estimé Alexandre Closset, un représentant d’une Coalition pour le stockage d’énergie renouvelable inaugurée en juin, présent à l’EPFL mardi.
Des projets d’importations d’hydrogène vert se dessinent, notamment par le biais d’une société allemande, TES, qui imagine un circuit fermé de gaz qui relierait le Moyen-Orient à l’Europe. Mais on peut aussi en fabriquer sur place, sans doute en quantité limitée.
Groupe E a inauguré en octobre un site de production au pied du barrage de Schiffenen (FR) qui lui fournit l’énergie dont il a besoin, sans émissions de CO2. L’installation, la première en Suisse occidentale, doit contribuer à la décarbonation de l’industrie et des transports, en collaboration notamment avec les Transports publics fribourgeois. Groupe E prévoit une production annuelle de 300 tonnes d’hydrogène par an, de quoi faire rouler une cinquantaine de camions ou de bus. Quatre autres sites sont en réalisation ou ouverts en Suisse.
L’Université de Berne effectue des sondages outre-Sarine depuis ce printemps pour identifier d’éventuelles réserves d’hydrogène naturel. Ce dernier est qualifié de «blanc», par opposition au «vert», fabriqué avec des énergies renouvelables, ou au «gris», quand il émane des énergies fossiles.
Contrairement à la plupart des pays voisins, il n’existe pas de stratégie nationale autour de l’hydrogène en Suisse, une donne qui devrait changer. La Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie a en effet demandé cet été que la Confédération se penche sur l’élaboration d’une telle stratégie. Elle doit évaluer les besoins futurs en la matière et se fixer des objectifs en vue d’une production supplémentaire et d’un stockage en Suisse.