Moulin F10
28.02.2024
Manon Saudan
L’origine
L’ADER, sous la direction d’Ernest Badertscher, l’un de ses membres de la première heure, a mis au point un moulin à céréales novateur consommant 10 fois moins d’énergie qu’un moulin traditionnel (d’où son nom, F10 se référant à facteur 10). C’est dans le cadre de son activité professionnelle en recherche et développement chez Nestlé qu’Ernest Badertscher a l’idée d’un procédé de mouture simplifié. L’entreprise, qui ne s’occupe pas de mouture de ce type, ne poursuit pas cette piste et le projet est alors développé sous la bannière de l’ADER. Au moment de le breveter, en 1997, il apparaît qu’un brevet pour un système semblable avait déjà été déposé en… 1894, sans être appliqué ! Celui-ci est donc réactualisé et les essais se poursuivent. Le prototype est réalisé en collaboration avec la firme Anutec, à Guin.
Procédé de mouture simplifié
La particularité de l’installation est d’avoir recours à un moulin multibroche, qui n’écrase pas le grain, mais le fait éclater par une série de chocs successifs contre les rangées de dents qui le composent. Habituellement, ces moulins sont employés dans l’industrie pour obtenir des poudres très fines comme du sucre glace ou des produits pharmaceutiques. Pour éviter que l’enveloppe du grain, le son, ne soit moulue finement, ce qui donnerait une farine « piquée », le grain est préalablement humidifié – et c’est là toute l’astuce. Cela a pour effet de ramollir le son et de le rendre élastique. Il ressort alors du moulin en grands flocons mous et un seul tamisage permet de le séparer de la farine. En comparaison, les moulins classiques à cylindres nécessitent de 6 à 18 passages de mouture, chacun suivi d’un tamisage et d’un transport de la matière première par système pneumatique ou autre.
Vers une production décentralisée ?
Exposé à plusieurs reprises au Salon international des inventions de Genève, le Moulin F10 n’attend plus qu’une diffusion à large échelle. En plus de produire une farine d’excellente qualité et de consommer peu d’énergie, la machine, en raison de sa simplicité, représente également un investissement environ 20 fois moins important qu’un moulin classique. Elle constitue de ce fait un système particulièrement bien adapté à de petites structures, comme une coopérative d’agriculteurs souhaitant transformer leur propre production. À noter qu’une variante simplifiée du moulin a également été réalisée à destination des pays émergents.





